Pour les articles homonymes, voir Pharsale (Lucain) (homonymie).
La
Guerre civile, plus connue sous le nom de
Pharsale, est une épopée latine inachevée, écrite en hexamètres dactyliques, et l'oeuvre principale du poète
stoïcien Lucain. Son titre exact est
Marci Annaei Lucani de bello ciuili libri decem (
Les Dix Livres de M. A. Lucain sur la guerre civile). C'est du chant IX, v. 985, que la tradition a tiré le titre apocryphe de
Pharsale - car c'est là que
César avait vaincu Pompée -, mais il ne figure pas dans les manuscrits.
Tradition épique
Dans cette épopée, qui retrace le début de la guerre civile que se livrèrent
Jules César et
Pompée, entre
-49 et
-45, Lucain se rattache à la tradition d'Ennius en refusant d'écrire une épopée mythologique et participe aux préoccupations scientifiques de son temps : géographie, astronomie, histoire naturelle. Dans son épopée, les dieux n'interviennent pas, mais on trouve des rêves prémonitoires et des
monstra (des « présages » ou « oracles »).
Mais, par rapport à la grande épopée qu'est L'Énéide, le texte de Lucain présente une réelle originalité. Elle ne décrit pas un passé lointain et légendaire, mais s'attache à des événements historiques datant de moins d'un siècle, ainsi que l'avaient fait Naevius, dans son Bellum Punicum ou encore Quintus Ennius, dans ses Annales de la République Romaine, racontant tous deux des épisodes contemporains, les Guerres puniques. Une autre de ses particularités, liée à la première, est le refus du merveilleux. C'est une oeuvre pessimiste et profondément marquée par le stoïcisme et la sagesse de Caton d'Utique y est opposée à l'ambition et à l'intempérance de César, responsables d'une guerre dont l'horreur est peinte avec une particulière vivacité.
Contenu de l'oeuvre
Cette oeuvre devait sans doute comporter originellement 12 chants et s'achever sur le suicide de Caton ou l'assassinat de César, constamment fustigé par Pompée. Dans les 3 premiers livres, Lucain tient la balance égale entre César et Pompée. Mais après sa disgrâce auprès de Néron, il soutiendra Pompée.
Livre I
- Éloge de Néron.
- Causes de la guerre.
- Marche de César sur Rome.
Livre II
- Longue lamentation des Romains.
- Première apparition de Caton à qui Brutus demande ce qu'il faut faire pendant la guerre
Livre III
- Dans un songe, Julie prédit à Pompée les malheurs à venir.
- Description de César qui s'empare du trésor public.
- Siège de Marseille.
Livre IV
- Bataille d'Espagne : César est maitre des Pompéiens.
Livre V
- Le Sénat romain, en exil, siège en Épire et donne le commandement suprême à Pompée.
- César revient à Rome pour calmer ses légions : il est nommé dictateur et consul et dirige ses troupes au-delà de l'Adriatique.
Livre VI
- Pompée se fait enfermer dans Dyrrachium.
- César gagne la Thessalie, rejoint par Pompée.
- La fin du livre est consacré à Sextus Pompée, le « fils indigne » de Pompée, ainsi nommé parce qu'il devint pirate après la défaite de son père et vécut de brigandages. Il décide d'aller consulter la magicienne Érichto qui lui prédit la mort de son père et de ses pompéiens.
Livre VII
- Songe de Pompée : nombreux présages de mauvaise augures qui annoncent la catastrophe finale.
- Pompée est vaincu et s'enfuit à Larissa : le livre se termine sur la vision du champ de bataille du lever du soleil.
Livre VIII
- Fuite de Pompée à Lesbos qui rejoint sa femme Cornélie.
- Fuite en Égypte chez Ptolémée : César punira les meurtriers de Pompée.
Livre IX
- Caton prononce l'éloge de Pompée et dirige ses troupes dans le désert de Nubie.
- César se rend à Troie et pleure devant la tête tranchée de Pompée.
Livre X
- Arrivée de César à Alexandrie et rencontre avec Cléopâtre.
Postérité
Depuis
Quintilien - et son
Institution oratoire - jusqu'à Jules César Scaliger - et ses
Poetices libri septem de
1561 -, une accusation de mauvais goût pèse sur le « long poème » de Lucain.
Virgile chante ; Lucain aboie. Mais ce poème héroïque est en adéquation avec « l'âge baroque ». Agrippa d'Aubigné,
Robert Garnier,
Dorat,
Guillaume du Bartas,
Brébeuf,
Corneille et, dans une moindre mesure,
Du Bellay, lui reprennent une langue colorée qui frappe l'esprit par la vertu de l'
enargeia.
Montaigne écrit: « J'aime aussi Lucain, et le pratique volontiers, non tant pour son style que pour sa valeur propre, et vérité de ses opinions et jugements » (
Essais, II, 10). Il le fait figurer dans le palmarès des « cinq poètes latins sur la louange de Caton » (I, 37) et le mentionne 37 fois.
Cette oeuvre d'un baroque exacerbé trouvera encore un fidèle continuateur en Christopher Marlowe, poète élisabéthain admiré de Shakespeare, qui traduira le premier livre du Bellum ciuile .
Bibliographie
- J. Brisset, Les Idées politiques de Lucain, Paris, Les Belles Lettres, 1964;
- E. Cizec, L'Époque de Néron et ses controverses idéologiques, Leiden, Brill, 1972;
- J.-C. de Nadaï, Rhétorique et poétique dans « La Pharsale » de Lucain, Louvain, Peeters, 2000;
- B.-M. Marti, « La structure de La Pharsale », in Entretiens sur l'Antiquité classique, t. XV, Lucain, Genève, 1968
- J.-C. Ternaux, Lucain et la littérature de l'âge baroque en France - Citation, imitation et création, Paris, Champion, 2000.
Voir aussi
Liens internes
- OEuvre de Jules César : Commentarii de bello ciuile (Commentaires sur la Guerre civile)
- Article Pharsale (ville de Grèce)
Liens externes